Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Viandox

16 décembre 2010

Alcool

3223825758_28179f0942

Un sixième verre dans un bar humide, le comptoir de vieux bois usé comme une étable, assis sur le tabouret. Tout approche et ressort lentement, bouteilles, verres, miroirs et bois vernis brisent la lumière comme des centaines de bougies tea lights. Le bois luit sinistrement, des bougies comme dans une cathédrale, la tireuse comme au travers d’une meurtrière. Guinness, Kilkenny, Leffe, Leffe.

Bougies, tremblement. Les étagères, derrière le comptoir. Selon Pratchett, les taverniers tiennent ces collections de bouteilles parce qu’ils sont convaincus qu'un jour, quelqu’un rentrera dans leur bouge et commandera un verre d’une de ces liqueurs inconnues.  Être prêt à servir du Mezcal ou un obscur Kirschwasser contre toute attente serait une sorte d’élégance de patron de bar. Sir Pratchett est lui aussi un alcoolique de grande classe.

- Tu vois ces whiskys derrière toi ?

- Ouaip.

- Je les ai déjà tous goûtés. Au bout d’un moment l’alcool on a fait le tour.

 

- Je ne bois jamais d’alcool. Deux Mojitos.  Deux Mojitos.

Publicité
Publicité
23 mai 2007

Le théorème de l'imbécile heureux.

Nuremberg17En tant que quota scientifique de ce blog, je me dois de fournir des raisonnements rigoureux pour justifier mes élucubrations névropathiques. A ce propos, je garde depuis plusieurs années dans un coin de ma tête un brillant édifice logique parfaitement approprié à cet endroit. Je l'ai appelé sobrement "Théorème de l'imbécile heureux". Le nom ne paye pas de mine, mais c'est pourtant la meilleure justification que j'aie jamais pu trouver à l'athéisme, au centrisme et au je-m'en-foutisme apathique à la fois. Ouf.

Ce théorème se base sur une analogie très simple avec la criminologie à deux sous. Lorsqu'un meurtre douteux est commis, le principal suspect est nécessairement la personne qui tire le plus de bénéfices du décès. En bref, la veuve légataire de l'héritage, le concurrent ou le rival amoureux, l'ennemi. Appliquons ce principe plus largement aux convictions humaines. Une conviction est suspecte lorsqu'y adhérer par la foi nous procure un quelconque intérêt ou nous promet une satisfaction future, même inaccessible. Sont donc suspects : le communisme, la vie après la mort, le mythe du bon sauvage et les concepts albums en deux parties. Ne sont pas suspects : L'athéisme, les cultes de l'apocalypse et le R'N'B. En grossissant le trait, disons que l'existence de Raël où le massacre de Jonestown sont de bons exemples de non application dudit théorème par des "imbéciles heureux" (oui, ceux du titre). Au contraire, on peut considérer dans un premier temps que toutes les théories nous promettant souffrance et terreur, à l'exception de celles énoncées par certains désaxés trop manifestes, sont par contraposée plus que probables. Je rechigne fortement à douter de l'entropie ou des scénarios de mort de l'univers.

Mais le point faible de cette réciproque est évidente. Toutes les théories dépressives de fin du monde sont douteuses par l'utilisation même du théorème de l'imbécile heureux. En effet, l'apocalypse de Saint Jean, l'existence de l'enfer et de la télévision publique, ne sont pas seulement des idées sombres et déprimantes. Elles sont aussi particulièrement tape à l'oeil et simplificatrices, et par la même satisfaisantes. Donc douteuses.

Ce qui nous mène à la véritable application du TIH. Selon moi, les théories les plus vraisemblables sont celles qui promettent l'ennui et le néant.
Je me permets donc d'aller plus loin encore que Guillaumme D'Ockham. A l'intention des militants de droite et des croyants qui liraient ce blog, le rasoir d'Occam est un principe logique qui pourrait s'exprimer ainsi :
"toutes choses étant égales par ailleurs, la solution faisant intervenir le moins d'hypothèses est généralement la bonne."

Je propose :
"toutes choses étant égales par ailleurs, la solution ne faisant intervenir aucune hypothèse...ni objet...ni pensée...ni quoi que ce soit de vivant est généralement la bonne."

26 mars 2007

"Pas le temps"

Ce soir, je n'ai pas le temps de faire ce que je suis en train de faire (à savoir : poster un article sur un blog comateux alors que j'ai encore cinq explications de texte à rédiger ce soir, sachant que chacune me prend un peu plus de cinq heures et qu'il est minuit et quart).

Mais c'est précisément ce qu'il faut.
C'est le rêve du khâgneux, de la condition humaine et de moi en général : contrôler le temps. Irreparabile fugit, ça va, on connaît.

Le temps est ce qui fait que l'unique est possible. L'absence de temps ferait de ton existence une sempiternelle naissance, une mort à rebours. Tu creuserais l'instant jusqu'à rencontrer... quoi? Un être fait, accompli puisqu'en train de s'accomplir à chaque non-instant.
Alors sans temps, l'être, mais pas d'action? C'est une belle utopie ontologique.
Mais sans temps, pas de musique, pas de tempo, pas de jouissance, pas d'inattendu. Sans temps, pas non plus de souffrance, pas de remords, pas de passé lourd ni d'avenir incertain. Pas de temps : la certitude sans fin.
Bien sûr, tu cours après le temps. Chaque "tac" de ta montre te rapproche de ta mort. Tu es à cet instant un peu plus mort que quand tu as lu : "Ce soir, je n'ai pas le temps..." et un peu moins que quand tu liras "...jusqu'à la mort. Toujours."

Evidemment, tu peux le nier. Tu peux nier l'entropie, tu peux nier l'unicité, tu peux nier l'irréparable et tu peux nier la mort. Tu peux nier ta conscience. Tu vivras heureux.
Tu mourras menteur. C'est une solution : si tu es un vrai menteur, tu pourras même te dire, à l'instant de ta mort, que tu as été heureux. Tu pourras. Tu pourras... qui a parlé de futur?

Tu peux aussi le combattre. Là, tu l'admets, tu sais qu'il fuit, tu te sais impuissant parce que tu sais que tu mourras, mais tu le combats quand même. Tu cherches à gagner du temps (ou peut être à gagner contre le temps) : tu cours après les minutes, tu fais tout à la fois, tu te lances dans cent projets qui ne te motivent pas vraiment mais qui te donnent l'occasion de te dire, le soir : "Ah, tu vois, j'ai fait tout ça dans ma journée. Je t'ai bien baisé aujourd'hui." ... et ton réveil de te répondre : "C'est ça... c'est ça... c'est ça..."

La véritable sagesse consisterait à admettre ta mort. Décide de l'heure et du jour où tu disparaîtras et fais ce que tu as à faire d'ici-là. Peut-être que tu mourras avant (que t'importe?), peut-être que tu auras un bonus de deux, trois jours, quatre, cinq ans, qui sait? Alors ta philosophie se résume ainsi : "C'est comme ça. Tant pis. Tant mieux." Si tu es ce type de sage, félicitations : tu es fou.

...

Peut-être que tu es comme moi, et que tu n'es pas sûr de te reconnaître dans tous ces exemples. Que te reste-t-il? Tu perds ton temps sur un blog de cyniques, tu te rends compte, tu mourras peut-être sans avoir aimé, sans avoir lu Proust ou sans avoir vu le soleil se lever sur un désert mexicain! Voilà ce que je te propose. Reviens sur ce blog quand tu n'en auras vraiment pas le temps. Mais alors pas du tout, du tout le temps. Quand tu sentiras que l'action et le nombre d'heures qui te restent sont franchement incompatibles, reste ici une éternité, laisse un commentaire interminable, endors-toi devant ton écran puis recommence.

Saute à cloche-pied pour attraper un métro qui va partir.

Prépare un couscous quand tu as cinq minutes pour manger.

Visite Paris en un seul crépuscule.

Fais l'amour toute la nuit à la veille d'un concours.


Alors tu seras comme un condamné à mort qui s'esclaffe devant les fusils.
Tu seras beau.
Tu seras plus vivant que tous les vivants.
Tu coucheras avec le Temps, tu feras jouir les heures, et tu aimeras ça.

Et tu recommenceras jusqu'à la mort. Toujours.

10 décembre 2006

Et in pulverem reverteris...

paysage_mer_hiverBien, maintenant que le blog est lancé, et vu que mes comparses sont trop occupés à bosser le concours blanc/écouter des chansons de la compagnie créole pour éviter de se suicider, je vais poser les bases du problème qui sera notre point de départ.
Les notions exposées dans le post précédent se recoupent souvent - vous aurez l'occasion de le constater - notamment en un point : l'infini.

Je t'explique patrice : mon premier vrai conflit métaphysique est venu vers l'âge de 12 ans, alors que je lisais un ouvrage très vulgarisé sur l'astrophysique. Il y était écrit que, en gros, il existe deux théories physiques sur l'univers:
-soit il est infini
-soit il est fini, en forme de dodécaèdre (12 pentagones parallèles 2 à 2 : le ballon de foot), et quand on rentre par une face, on sort par la face opposée.

Admettez que le conflit est de taille : je ne peux pas concevoir que l'univers est infini (il y a forcément des limites, je ne peux pas appréhender l'infini spatial ) et je ne peux pas concevoir qu'il est fini (qu'y a-t-il donc au-delà?, je ne peux pas appréhender la non-existence d'un espace en dehors de certaines limites).

Idem pour le temps et la théorie du big bang : mon esprit ne peut accepter que le temps ait un début (qu'y avait-il avant?) et il ne peut pas accepter non plus qu'il n'ait pas de commencement, qu'il soit infini.

La notion d'infini génère donc des conflits qui paraissent insolubles, et qui vont néanmoins être développés sur ce blog. Par ailleurs, et comme prévu, nous touchons du doigt la conscience et la mort.

En effet, la mort est conflictuelle pour celui qui a conscience d'exister et peut donc prévoir sa propre fin.  En effet, on ne peut pas concevoir de ne pas avoir existé (comment puis-je accepter le fait de ne pas avoir existé pendant des siècles, comment accepter le caractère aléatoire de sa propre naissance?), et l'on ne peut pas concevoir de ne plus exister : je ne peux pas admettre l'interruption totale et définitive de ma conscience, je ne peux pas faire face au non-être que je vais devenir, et ce de manière catégorique.

Ce post fera office d'introduction au blog plus noir que le trou du cul d'un lémurien. Vous ne le trouvez pas noir? Attendez de voir....

Cette merveilleuse photographie a été scandaleusement volée ici.

2 décembre 2006

Jusque là, tout va bien

d2_1 Bonjour lecteur, bienvenue sur viandox. Vous êtes sur un blog cynico-conceptuel à tendance misanthrope. Non, en fait, carrément misanthrope. Ce blog part d'une considération simple : les gens sont en immense majorité décevants. Pas forcément stupides ou lourds, juste décevants. Par conséquent, j'aime à penser que l'amitié qui me lie à oni et à porcupine ne peut être viciée puisqu'elle est nécessaire. En gros, vu l'état actuel de l'humanité, j'ai pas tellement le choix. Mais alors, pourquoi créer ce blog, livre ouvert aux internautes, plutôt que de vous reproduire entre vous en consommant de la drogue? J"y viens marcel. Oui, toute personne connue ou inconnue qui n'est pas un de nous trois sera appellé marcel, par défaut. Donc, premièrement, parce que je ne désespère pas de rencontrer d'autres personnes intéressantes. Si vous croyez être intéressant, manifestez-vous, je me ferai un plaisir de vous acceuillir au sein du blog. En second lieu, la rencontre des deux personnes sus-citées ont donné lieu à des considérations métaphysiques assez intéressantes pour mériter être écrites et, sait-on jamais, partagées. Finallement, il était temps de créer un espace cynique communautaire. Ces considérations métaphysiques s'organisent autour de quatre points: -La mort -La conscience -Le temps -L'espace Ces notions sont à la base de toute réflexion existentielle poussée, et se recoupent sans cesse. De plus, il est évident pour nous qu'aucune réponse philosophique ou scientifique valable n'a été donnée aux questions qui en découlent. Trop souvent, systématiquement même, ce sont les effets, les conséquences et non les causes qui sont traitées. Par ailleurs, chacun de nous a son domaine de prédiléction. Pour porcupine, ce sera la mort, pour oni, le temps, et pour ma part, la conscience. Notez que nous sommes toujours à la recherche de quelqu'un pour l'espace. Viandox est un blog qui n'existe pas vraiment, il a été créé par votre esprit malade. Rentrez chez vous, maintenant.
Publicité
Publicité
Viandox
Publicité
Publicité